Le Noyau affinitaire est un très court texte (5’55’’) publié en octobre 2018 aux éditions Théâtrales « Jeunesse », dans le collectif Divers-Cités 2, 10 pièces pour la pratique artistique en 5’55’’ qui comprend aussi des textes de Marine Auriol, Antonio Carmona, Claudine Galea, Sébastien Joanniez, Lise Martin, Fabrice Melquiot, Mariette Navarro, Guillaume Poix et Julie Rossello-Rochet. Il s’agit d’une commande de la Maison théâtre, Strasbourg. C’est une réunion politique qui tourne en rond.
« De moi j’aimerais vous dire… », postface au texte :
« De moi j’aimerais vous dire que j’aime assez un tableau intitulé Le Serment du Jeu de paume. Son peintre, Jacques-Louis David, ne l’a pas achevé. Cela ne l’empêche pas d’être un tableau célèbre, accroché dans un musée parisien, souvent reproduit dans les manuels d’histoire. Il donne une image rêvée de la naissance de la Révolution française, en mettant en scène plusieurs centaines d’hommes, tout juste nommés représentants du peuple, au moment où ils jurent de « ne jamais se séparer ». Rester unis jusqu’à s’être mis d’accord sur une Constitution pour le pays.
J’ai une certaine tendresse pour les héros d’un autre temps qui figurent sur ce tableau. Avec cette réserve qu’il n’y avait, parmi eux, pas une seule femme ! Ils étaient environ trois cent députés réunis ce jour-là. Je les imagine discuter, débattre, chahuter, se fâcher, trépigner, en venir aux mains. Le serment a été voté à l’unanimité moins une voix. Il a sans doute fallu une bonne dose de courage à Joseph Martin-Dauch pour être le seul à ne pas lever la main. À côté de sa signature, il a écrit crânement le mot « opposant ».
Le peintre David est devenu lui-même député peu de temps après le serment du Jeu de paume. C’est pour ça qu’il a manqué de temps pour finir son tableau. Et puis, l’histoire raconte qu’il ne savait plus trop qui y faire figurer, parce que, à force de revirements et de coups de théâtre, chacun des députés était devenu le traître d’un autre… »