« Notre mémoire est une fiction. Cela ne veut pas dire qu’elle est fausse, mais que, sans qu’on lui demande rien, elle passe son temps à ordonner, à associer, à articuler, à sélectionner, à exclure, à oublier, c’est-à-dire à construire, c’est-à-dire à fabuler. »
Nancy Huston, L’Espèce fabulatrice
Le Cœur de l’hippocampe se présente comme le résultat d’une enquête. Quatre personnages, Laure, Ronan, Sophie et Yoan, cherchent à faire un spectacle qui rendrait compte de leurs recherches sur les histoires, notre besoin de nous raconter des histoires, et sur la mémoire, les processus de fabrication de la mémoire. Les souvenirs et la fiction sont fabriqués par notre cerveau suivant les mêmes procédés, en recourant notamment à nos hippocampes. Mais Laure, Ronan, Sophie et Yoan se perdent ou trichent avec les règles de leur propre jeu, jusqu’à ce que la question même de l’identité se trouble. Qui sommes-nous ? C’est seulement en passant par les récits que l’on pourra répondre, tant bien que mal, à cette question.
© Marion Deniaud
En mars 2017, je me suis retrouvé pour la première fois de ma vie face au neurologue qui avait suivi la longue maladie de mon père, mort en 2013. J’avais mon micro à la main. Je lui ai dit Je veux enquêter sur la longue maladie, celle qui fait perdre les mots, la mémoire et la tête. Je lui ai dit Je suis écrivain. Et le neurologue m’a dit Votre père est mort d’une démence sémantique. Je n’avais jamais entendu ces mots. Ou je ne me souvenais pas d’eux. Être écrivain. Être mort d’une dégénérescence sémantique. Le docteur a dû voir que j’étais ému, il m’a dit très gentiment qu’il allait m’aider.
Mise en scène de Laure Fonvieille. Texte de Ronan Mancec, avec la collaboration de Laure Fonvieille. Avec Yoan Charles, Laure Chartier, Ronan Mancec et Sophie Renou.
Création et régie lumière de Gweltaz Chauviré. Création et régie son de Pierre Marais. Costumes et scénographie de Laure Fonvieille. Administration par Charlotte Hubert-Vaillant. Accompagnement danse par Catherine Legrand. Accompagnement tricot par Camille Kerdellant. Stagiaire mise en scène Mélanie Jannot. Avec l’aimable participation de Marie-Claude Escaich Tezenas.
Production compagnie La Mort est dans la boîte. Coproduction La Paillette-Maison des jeunes et de la culture-Rennes, La Maison du théâtre-Brest. Soutien Aide à la production du ministère de la Culture – DRAC Bretagne, région Bretagne, ville de Rennes, Spedidam.
© Caroline Ablain